J'ai écrit ça cet été, mais à priori c'est toujours valable lol. La saison 5 venait de se finir et j'ai comblé le trou du premier samedi post-saison avec un petit retour à la case départ (ça me prend comme ça des fois). Je me suis donc assise devant ma tv, en prenant 5 minutes pour bien me replacer dans le contexte avant d'appuyer sur play.
Parce que 6 ans plus tard évidemment,
Rose a été un peu dépassée par les évènements. Ça n'est peut-être pas l'épisode le plus mémorable, et il est loin d'être parfait.. mais c'est un pilote, un lancement; l'exercice est déjà compliqué, mais en plus celui-ci arrive avec la particularité d'être le premier tout en se trimbalant déjà 40 ans d'histoire sur le dos. Convaincre les nouveaux sans décevoir les anciens. Reprendre les bases pour le novice, sans donner l'impression au vieux de la vieille qu'on le prend pour un crétin. Et pour se simplifier encore un peu la tâche, ils sont allés pêcher en actrice principale la Britney Spears locale, que tout le monde attend au tournant en se frottant les mains, bien certains qu'elle va leur offrir la plus grande tranche de poilade de l'année.
Enfin, puisque de toute façon on ne leur laissera à peu près rien passer, autant ne pas jouer les timides et y aller au culot! Et dans le joyeux monde des pilotes, celui-ci est franchement culotté. Ils ont envoyé la sauce avec la confiance de celui qui se dit que de toute façon, soit ça passe soit ça casse.
Quelques années plus tard on se souvient de cet épisode comme de celui où on nous installe dans la normalité de la vie de Rose, histoire qu'on ait bien le temps de s'identifier toussa toussa, AVANT d'envoyer tout valdinguer. En fait, dans mes souvenirs il me semblait que le Docteur arrivait bien plus tard dans l'histoire. En réalité, avant même la 5e minute d'épisode, alors que notre héroïne n'a pas encore eu le temps d'aligner plus de 3 phrases, elle se fait déjà attaquer par une bande de mannequins en plastique, harponner par un inconnu qui l'entraîne par la main dans une course effrénée et la voilà enfermée dans un ascenseur avec ce type bizarre qui lui agite sous le nez un bras en plastique en lui annonçant que son collègue vient de se faire tuer. Là où devant n'importe quelle autre série on en est encore à finir de s'installer correctement sur notre canapé! Et on enchaîne en faisant exploser le building, histoire de. On a déjà vu moins déstabilisant comme entrée en matière.
On prend ensuite 5 minutes pour souffler, avec la présentation en règle de l'entourage proche de notre nouvelle meilleure amie. Bonjour Mickey, bonjour Jackie. Honnêtement (et ça n'engage que moi évidemment) je trouve ces 2 personnages particulièrement mal gérés dans ce pilote. Jackie est too much pour être crédible. Elle sera toujours foldingue et excentrique mais gagnera un peu en réalisme sur la suite. Mais là, c'est juste trop gros. Tros brut. Trop dans la caricature, pour être drôle et-puis-c'est-tout. On pourrait citer plusieurs exemple ou le personnage est grotesque, mais bizarrement c'est cette petite scène au téléphone avant d'aller faire les boutiques qui m'a le plus gêné; j'ai beaucoup de mal à croire en une mère qui reçoit un coup de fil de sa fille paniquée, qui hurle dans le téléphone, et qui lui raccroche presque au nez parce qu'elle a du shopping à faire et que c'est quand même moultement plus important que les malheurs de son enfant (c'est qu'elle doit racheter une table basse, la pauvre
)
Et ce qui est amusant, c'est que ça ne me dérangeait pas tant que ça à l'époque. Et ça ne m'a pas dérangé pendant un moment. Mais aujourd'hui, ça me gêne. Peut-être qu'au fil du temps, ces personnages de second plan, même s'ils restent généralement bien chargés dans le comique, sont devenus un peu moins absurdes, donc avec ce retour en arrière... enfin bref, C'est Pas L'Heure.
Quant à Mickey... Bon, déjà, j'ai un petit souci de base avec Mickey, et là encore ça n'engage que moi, mais je n'arrive pas du tout à croire Noël Clarke. Et je crois que c'est encore pire en ce début de série. Donc bon, ça aide pas trop à adhérer au personnage, mais c'est pas non plus que de la faute à ce brave Noël, puisque Mickey est lui aussi assez mal dessiné dans son rôle de lourdaud de service. Et c'est dommage, parce que RTD a raison quand il dit qu'on nous vend Rose comme étant celle à qui on doit s'identifier mais que finalement, ça serait plutôt Mickey, notre référent (m'est d'avis que si on fait vivre à Mr Tout Le Monde tout ce que vit notre petit couple y a plus de chances pour qu'il se roule en boule dans un coin dans une bonne vieille crise de panique plutôt que d'aller jouer les tarzan sur fond de "j'étais très nulle à l'école mais je sais me balancer, youpiii"). Il y a peut-être une jolie opportunité de gâchée là dedans, mais bon, on peut pas tout faire non plus j'imagine.
Un que j'ai aimé, par contre, même si c'est pas le cas de tout le monde, c'est Clive. Clive le délégué officiel de tous les Whovians de la planète (sa femme étant la représentante officielle de tous ceux qui les regardent comme des bêtes curieuses, bêtes qui à priori étaient sensées être toutes du genre masculin :mrgreen: ) . Clive et son joli discours (pas très engageant, certes) sur le Doctor, qui fait frémir le fan tout en réinstallant l'aura mystérieuse du personnage pour le nouveau spectateur. Clive qui se fait quand même descendre sous les yeux de sa femme et son fils, sur le service public à heure de grande écoute dans une série familiale
(on ne le voit pas à l'écran, certes, mais c'est tout de même assez explicite pour que même les plus jeunes comprennent. Sans compter qu'on ne sait pas comment ont finit la femme et le gamin mais ça devait pas être bien joli non plus).
Pendant ce temps, Mickey se fait bouffer par une poubelle, ma foi. On peut trouver ça drôle ou pas, mais ça ne dure qu'une minute donc on s'en remet. Et effectivement comme certains se sont fait un plaisir de le faire remarquer à l'époque, on peut se demander comment Rose ne voit pas qui a un truc qui cloche, mais pour sa défense, si je trouve quelque chose de changé chez un de mes proches, je vais peut-être mettre un peu de temps avant d'arriver à la conclusion qu'il a été kidnappé par une poubelle et que j'ai devant moi son clone en plastique. (Et ce même si je viens d'être attaquée par des mannequins. Enfin pas moi personnellement en fait, parce qu'à partir du moment où je me serais faite attaquer par les mannequins il me serait plus resté assez de bon sens pour aligner plus de deux pensées cohérentes d'affilée)
S'envient la scène où Rose - et nous par la même occasion - découvrons le TARDIS (oui, j'en ai sauté un bout. J'aime pas la scène du resto). Peut-être la plus belle des scènes-de-découverte-de-TARDIS (c'est long ça, ya pas un mot tout court pour ça?) de la nouvelle série. Là plus que jamais, du fond de notre canapé, on EST Rose. On oublie instantanément les méchants qui nous courent aux fesses pour rester bloqués sur un grand WOOOUAAAAHHH!!! Et le Docteur de nous blablater pour rien dans le vent, histoire de donner à Rose juste le temps qu'il faut pour assimiler la chose avant de voir un peu comment elle le prend (plutôt bien d'ailleurs; en même temps au point où elle en est...).
Et le TARDIS nous fait un petit saut dans l'espace, et j'ai adoré la réaction de Rose qui s'attend à se trouver assaillie par les plasticmen en sortant et qui découvre qu'ils se sont déplacés. On le considère tellement comme acquis que le machin, avant de voyager dans le temps, voyage aussi dans l'espace, comme si c'était l'évidence même, que c'est presque surprenant qu'elle s'en étonne. Et pourtant, c'est sûr que c'est pas tellement commun, une cabine de police qui bouge toute seule. Une cabine de police tout court, d'ailleurs, c'est déjà plus très commun en 2005, mais le Docteur en est si fier, et il met tellement d'enthousiasme dans son "It's a disguise!!" que la pauvre Rose qui était un peu fâché quand même que son petit ami soit en plastique (et mort, probablement) ne peut que sourire devant ce grand gamin tout excité. (Un gamin excité et doté d'un certain talent pour passer à côté du gros-truc-bien-évident, à savoir la grande roue... The more things changes... )
Un Docteur qui veut donner une chance au Nestene avant de le combattre, ça m'a fait bizarre de voir ça, c'est un trait de caractère que j'avais complètement assimilé à Ten alors que de fait d'autres avant lui (ou d'autres lui d'avant plutôt) avaient cette tendance... c'est même une caractéristique de base du personnage enfin! Et pourtant, le contraste qui s'était fait dans mon esprit entre Nine et Ten a fait que... ben j'ai été surprise. Comme quoi, on a toujours quelque chose à redécouvrir dans cette série!
- spoiler Saison 1 épisode 3:
Enfin, je me souvenais de sa boulette avec les Gelth, mais c'est plus le poids de sa culpabilité qui a parlé que son grand sens moral pour ce coup-là
Donc ce Docteur, ce gamin excité au sourire niais, qui déborde d'enthousiasme... sonne presque faux. Quelque chose titille dans son comportement pendant cet épisode. Christopher Eccleston est merveilleux, mais on aurait presque cette impression qu'il surjoue, c'est très curieux... pourtant dès qu'il redevient sérieux, il est si intense, il est juste fabuleux (notamment le discours sur la Terre qui tourne...ouch! Mais bon sang que la musique est forte sur cette scène, y en a un qui s'est lâché sur les boutons). Alors, Christopher, qu'est-ce qui se passe? Et c'est à la fin qu'on comprend. Qu'on se dit que finalement cette gêne était volontaire (et que donc Christopher il est crofort . Y en a à qui j'ai fait peur hein?). C'est dans cette scène très courte, mais très chargée émotionnellement, où il est acculé par les autons, où il est accusé d'être coupable d'on ne sait quoi pour le moment, où il se défend en hurlant "I couldn't save your world, I couldn't save any of them!" d'un voix remplie de désespoir, pas tellement pour sa situation présente, mais pour son impuissance devant ce qui s'est passé (et qu'on ignore encore). C'est là qu'on s'aperçoit que ce Docteur trimballe visiblement un fardeau bien lourd sur ses épaules, qu'il cache comme il peut derrière un enthousiasme un peu trop exubérant pour être sincère. Après ça, on a pas très envie d'aller le guérir, ce Docteur?
- spoiler 4*17 The End of Time:
Et quand on sait comment s'est vraiment finie la guerre du temps, ce genre de scènes prend une autre ampleur, au passage
Quant à celle qui donne son nom à l'épisode... forcément qu'elle nous touche, cette petite Rose qui cache son mal-être derrière ses cheveux en bordel et ses vêtements trop amples, qui s'ennuie tellement dans sa vie qu'elle a l'impression d'en être arrivée au bout avant même de l'avoir commencée, et qui se voit enfermée pour toujours dans sa routine... et qui doit sentir quelque part, sans le comprendre, que ça n'est pas sa place. Qu'elle est faite pour plus grand que ça. Rien de bien étonnant donc à la voir partir en courant vers cette nouvelle vie (faut insister un peu, certes, mais ça fait du gros changement d'un coup quand même
). Et Billie Piper fait des merveilles. Pas qu'elle devienne mauvaise dans les saisons suivantes, mais je ne l'ai jamais trouvée aussi bonne qu'au début de la saison 1. (et dans mon cas, ça s'applique aussi au personnage d'ailleurs...). Elle crève l'écran, comme qu'on dit. Et elle a du mérite: faire ses preuves devant un public neutre, c'est déjà pas évident, mais quand on sait qu'on est attendu par un bon petit tas de gens prêts à s'appuyer sur le moindre détail pour nous descendre...
Bref. Finalement,
Rose (l'épisode, ce coup-ci) n'est certainement pas le meilleur épisode de la série, mais il relève haut la main son défi d'être un p***** de bon pilote, à la fois pour les nouveaux comme pour les anciens. Il se met le fan de la première heure dans la poche en le faisant gniiiter de joie devant le discours de Clive, la (re)découverte du TARDIS... ou avec des trucs tout bêtes genre ramener des méchants de l'ancienne série SANS LES NOMMER. Le genre de truc dont se régale le fan tout fier de savoir, parce qu'il appartient à cette communauté là. Mais c'est fait de manière à ce que le nouveau spectateur ne se sente pas du tout mis de côté non plus, ni en manque d'informations importantes, puisqu'il suit Rose qui ne sait pas non plus c'est quoi ces bêtes là.
On réussit à réinstaller tout doucement les bases d'une histoire vieille de 40 ans sans tomber dans un guide-de-tout-ce-qu'il-faut-savoir-avant-de-commencer.
Et puis, plus classiquement, c'est aussi un pilote qui nous donne un bon échantillon de ce qui va venir: on va avoir de l'action, de la science-fiction, autant de sérieux que d'auto-dérision, de l'émotion, de l'humour.. un peu lourdingue des fois, mais ça fait aussi partie des règles du jeu: on est prêt pour le 15è degré ou on va voir ailleurs! On a la promesse de tous ces mondes à explorer...
Et on a surtout deux excellents personnages principaux, qui font l'équilibre entre ce qu'on connaît, qui rassure et auquel on s'attache; et le mystère, le frisson, le secret... comment ne pas avoir envie de les rejoindre à bord du TARDIS?